Originaire du Cameroun, mère au foyer, cette artiste peintre autodidacte nous propose un voyage dans son enfance riche en couleurs et en émotions.
Florence Béal-Nénakwé: Artiste peintre Camerounaise Florence Béal-Nénakwé.
C'est bien d'elle dont il s'agit. Tout est original chez elle: sa personnalité, son langage, son esprit et, bien sûr, avant tout, sa peinture. Tiens oui, sa peinture.Florence porte le nom d'une reine de son pays.
A ce titre, elle eut le privilège de passer le clair de son temps libre et de ses vacances d'enfant dans la Chefferie Bangangté-Ville. Là, elle visita, fit la connaissance, puis intégra en elle les plus grandes collections de masques de bois, de terre, les motifs colorés les plus bizarres qui animaient, littéralement, les cases des épouses du roi, et jusqu'aux colliers aux formes géométriques tatoués sur le cou de sa tante. L'initiation, au plus beau sens du mot commençait.
De retour chez elle, Florence-enfant tentait de reproduire les formes et les couleurs qui l'avaient éblouie. C'était sans compter les moqueries de ses copines de classe ou de jeu. Florence se referma alors comme une huître pour éviter la risée de ces personnes qui l'entouraient et que, pourtant, elle aimait. Alors elle oublia.
Jusqu'au jour où, plusieurs dizaines d'années après, elle prit conscience de ce qu'elle était vraiment: une femme claire dans son esprit, droite dans son intégrité, amoureuse de ses racines. Sans qu'elle le sache vraiment elle-même, ces racines avaient donné naissance à une fantastique puissance de vie.L'esprit de création de l'adulte prolongeait l'initiation de son enfance.
Désormais, Florence peint malgré elle.Elle peint. Elle peint. Elle n'arrête pas. Le flot qu'elle a si longtemps contenu durant toutes ces années se déverse dans la vie d'aujourd'hui. Toutes ces images de l'enfance, du soleil, de la nature et de l'humanité ressortent maintenant avec une étonnante maturité: beauté des formes, expression pure de la couleur, sensualité libre et joueuse.Quelle magnifique leçon de vie.
Ne nous y trompons pas. Florence ne copie pas; elle n'imite rien, ni personne. Seule l'énergie intérieure liée à son Cameroun natal et à sa vie personnelle, lui fait jeter sur une toile cette gaieté et cette espérance.
Un chef de ligne esthétique qui a marqué l'histoire de l'art avait affirmé: « Je ne cherche pas, je trouve ». Nous connaissions les sources de sa voie et savons désormais ce qu'il a trouvé et où Florence Béal-Nénakwé a la sagesse et le talent de chercher encore et toujours. C'est encore d'elle qu' il s'agit. Aujourd'hui.
Guy Lefebvre. Directeur du Luminier (Espace culturel de Chassieu)