Place au Design ! est un site pédagogique pour découvrir le design et comprendre le rôle des designers dans le monde de l’industrie et du marketing.
Design (dizajn ou design) n.m. (mot anglais), discipline visant à une harmonisation de l’environnement humain, depuis la conception des objets usuels jusqu’à l’aménagement des sites.
Petit Larousse, avant 1989
Design (dizajn ou design) n.m. (mot anglais), discipline visant à la création d’objets, d’environnements, d’œuvres graphiques, etc. , à la fois fonctionnels, esthétiques et conformes aux impératifs d’une production industrielle.
Petit Larousse, depuis 1989
Design (dizajn, dezajn) n.m. (v. 1965 : mot anglais, dessin, plan, esquisse). Anglicisme. Esthétique industrielle appliquée à la recherche de formes nouvelles et adaptées à leur fonction (pour les objets utilitaires, les meubles, l’habitat en général).
"Le design (…) doit être la conjonction d’une idée esthétique du créateur, d’une réalité industrielle, d’un réseau de distribution et des goûts d’une clientèle." (Le Monde, 12.6.1971)
Adj. D’un esthétisme moderne et fonctionnel. Des meubles design.
Petit Robert, dictionnaire de la langue française
"Le design a l’avantage de signifier à la fois dessein et dessin. Dessein indique le propre de l’objet industriel qui est que tout se décide au départ, au moment du projet , tandis que dans l’objet ancien fait à la main, le projet se différenciait en cours d’exécution. Et dessin précise que, dans le projet, le designer n’a pas à s’occuper des fonctionnements purs, affaires de l’ingénieur, mais seulement de la disposition et de la forme des organes dans l’espace et dans le temps, c’est-à-dire de la configuration."
Encyclopedia Universalis 1990
"Le design est une activité créatrice dont le but est de déterminer les qualités formelles des objets produits industriellement. Par qualité formelle, on ne doit pas seulement entendre les qualités extérieures, mais surtout les relations structurelles et fonctionnelles qui font de l’objet une unité cohérente."
Thomas Maldonado, ICSID, International Council of Industrial Design
"Le mot design utilisé en France, est emprunté à l’anglais design, qui signifie, au XVIIe siècle, "plan d’un ouvrage d’art". Le mot anglais est lui-même d’origine français, latine, designare. Il provient de "dessein" et de ses dérivés "dessigner" ou "desseigner" qui signifiaient à la fois dessiner, montrer, indiquer.
Les notions de dessin et de dessein se superposent tout d’abord, mais c’est aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne que le mot design prend un sens élargi à toutes les productions d’objets ou de signes, à la fois industrielles et artisanales (on lui adjoint généralement un adjectif : graphic design, product design, shelter design). Aux Etats-Unis, le mot design s’impose après la crise de 1929, avec la création des première agences d’esthétique industrielle, notamment celle de Raymond Loewy, pionnier de la profession d’industrial designer.
L’usage du mot traverse l’Atlantique et gagne l’Europe d’après-guerre. Il marque un avantage conceptuel sur l’allemand gestaltung (plus proche du dessin) ou l’italien progettazione (plus proche du projet). Il faudra attendre les années 60 pour qu’il s’étende en France, remplaçant l’expression "esthétique industrielle", sous l’influence de Jacques Viénot, fondateur de l’agence Technès (1949) et l’arrivée dans cette agence de Roger Tallon. Le mot entre définitivement dans le vocabulaire industriel en 1965, date à laquelle la revue Esthétique Industrielle de Jacques Viénot devient Design Industrie.
Dans les années 60, sous l’influence des théoriciens et sociologues (Jean Baudrillard, Gilbert Simondon, Edgar Morin, Michel Ragon, Hoffenberg et Lapidus), le design, rarement cité, prend un sens nouveau en se dégageant de la pure production d’objets, absorbant les notions de signes, besoins et discours social. Parallèlement, il se banalise dans le grand public jusqu’à signifier, un "style design", généralement en plastique orange, puis rouge, ou en bois, donc scandinave.
Dans les années 80, le design est surmédiatisé et utilisé pour caractériser de multiples productions, de celles d’Ikea au mobilier en pièces uniques vendu dans les galeries d’art. A partir de 1990 et surtout après la guerre du Golfe, la mode disparaît, tout comme les rubriques de design de la plupart des journaux grand public, [...]. Le design réapparaît un peu plus tard, vers le milieu des années 90, qualifié de "modeste". Il reprend alors le chemin des grandes entreprises (Renault, création de la Direction du Design Industriel, Thomson Multimedia et l’arrivée de Philippe Starck en 1993), où il est utilisé pour l’image du produit, sa différenciation avec la concurrence et la motivation interne de l’entreprise. Le dictionnaire Petit Robert en donne la définition suivante : "esthétique industrielle appliquée à la recherche des formes nouvelles et adaptée à leurs fonctions".
En 1994, le projet de loi Toubon le destinait à se franciser en "stylique" et en "styliqueur", avant que l’on ne fasse état de ses origines françaises. Le mot design a servi de base à de nombreux dérivés : global design, initié par les grandes firmes américaines dans les années 50 (IBM, Knoll), anti-design, mouvement italien de remise en cause de l’idéologie fonctionnaliste (Archizoom Associati et Superstudio, fin des années 60), design radical (Memphis, Alchimia, 1980), bio-design inspiré par Luigi Colani et son intérêt pour l’ergonomie (1985). Il est intéressant de noter qu’en 1996, la profession de designer n’a toujours pas de statut officiel.
Dictionnaire des Arts appliqués et du design - Editions du Regard
"L’homme se transforme lui-même en transformant la nature."
Engels
"Telle forme, née du hasard, de la solution pratique réclamée par l’usage de l’objet et commandée aussi par sa nature matérielle a été ensuite reprise pour le seul plaisir décoratif. Alors qu’elle correspondait d’abord à une véritable exigence utilitaire, elle se fixe, est organisée, régularisée et, devenue peu à peu totalement inutile et sans raison justifiable, elle se transmue en ordonnance ornementale."
René Huyghes
"Le design ne signifie pas donner une forme à un produit plus ou moins stupide, pour une industrie plus ou moins sophistiquée. Il est une façon de concevoir la vie, la politique, l’érotisme, la nourriture et même le design."
Ettore Sottsass
"La production ne fournit pas seulement des matériaux aux besoins, elle fournit aussi un besoin aux matériaux : la production ne produit pas seulement un objet pour le sujet mais un sujet pour l’objet."
Marx
"Le design est la combinaison optimale de trois éléments : le langage formel, les matériaux et technologies employés, et enfin, la capacité de distinguer et de prendre en considération besoins fonctionnels et immatériels des utilisateurs."
Rodrigo Rodriquez, président de Marcatré
"Un trait de crayon, c’est une forme, un usage, une technique, un prix, d’autres paramètres peuvent se greffer, mais c’est la base."
Charlotte Perriand
"J’essaie toujours de trouver les limites. C’est vraisemblablement ce qui fait la différence entre moi et les autres. Les autres essaient de casser les limites pour faire quelque choses de nouveau. Mais pour casser les limites, il faut savoir où elles sont. La question n’est plus de casser, mais de trouver les limites. Pas seulement dans les formes, mais aussi dans les fonctions."
Borek Sipek
"Un objet est une idée mise en proportion."
Sylvain Dubuisson
"Le design est la part de création assurant la cohérence entre les impératifs technologiques de fabrication, la structure interne de l’objet, sa valeur d’utilisation et son aspect final."
Raymond Guidot
"Less is more"
Mies Van der Rohe
"More is not less, less is a bore"
Robert Venturi
"Il devient clair qu’à la fin de ce siècle, deux grandes manières d’aborder le design semblent émerger, deux visions très diverses et parfois contradictoires. D’un côté l’interprétation du design particulier à la production de masse : ce design est clairement considéré comme un instrument technologique et de marketing. Cette interprétation tend à réduire le rôle du design, puisqu’il est conçu comme instrument pour aider l’industrie à produire plus rapidement, à moindre coût, ou à produire des objets plus fonctionnels, ou même à donner un meilleur aspect aux produits afin d’inviter les gens à les acheter… J’en viens maintenant à la deuxième manière d’aborder le design - manière très particulière et proche de la pratique des entreprise italiennes de design : comme art et poésie… Selon elles, le design est une mission. Il ne s’agit pas de simples projets formels d’objets, mais au contraire d’une sorte de "philosophie générale" influant sur toutes les décisions de ces entreprises."
Alberto Alessi
"Parler de l’objet n’est pas intéressant ; ce qui l’est, c’est de parler de ce que l’on en pense, de la mémoire qu’on en a."
Philippe Starck
"Quand il présente sa chaise "Miss Trip", Starck nous dit qu’elle est "l’archétype de la chaise de cuisine sur laquelle maman servait le café au lait". On n’achète pas une chaise, mais l’odeur du café au lait et la maman en prime."
François Granon (Télérama n°2464, 1997)
"It is important to think about our future heritage. A book or a chair belonging to your grandmother gains emotional attachment. Plastic is at a primitive stage in comparison, but instead of comparing it to those things, we should look for a meaning in the way it changes. Because of the way I transpire, my mobile phone will wear in a way that is unique to me."
Stefano Marzano, directeur du design Philips
"Rien n’interdit de penser que la maison du futur éliminera tout artifice décoratif matérialisé - tapis, rideaux, papiers peints, bibelots - pour leur substituer d’autres artifices programmables, éventuellement créés par des artistes. Dans cette perspective, la maison se réduirait à un cadre neutre, brut, dans lequel, par simulations virtuelles, l’habitant pourrait appeler ou inventer son cadre de vie : univers de synthèse mêlant à volonté images réelles et images virtuelles."
Odile Fillon
"Anticiper est un devoir pour tout le monde. Qui n’anticipe pas est incapable de contrôler son présent. Evidemment, pour des gens comme moi qui interviennent sur la production, avec des délais, voire des mises en Å“uvre étendues sur plusieurs années, l’anticipation est une obligation. C’est même maladif chez moi, mon problème principal étant de ne vivre jamais l’instant présent et d’être en permanence projeté dans un autre espace-temps."
Philippe Starck
"Il faut entrer dans l’an 2000 avec gentillesse. Objectivement, le monde est violent et la maison doit être protectrice."
Alessandro Mendini
"Le facteur le plus important dans le design contemporain n’est pas qu’il soit attractif mais qu’il soit bien en rapport avec l’individualité. A ceux qui pensent que la fonctionnalité est l’élément le plus important, je peux dire maintenant qu’ils en sont restés au stade le plus élémentaire et le plus primitif du développement du design."
Borek Sipek
"Il existe un paradoxe au cÅ“ur même de la culture contemporaine. Nous voulons que le monde soit exactement le même partout où nous allons, pouvoir utiliser les mêmes cartes de crédit, boire la même eau minérale et regarder la même télévision partout. Toutefois, en même temps, nous voulons que le monde garde un sens de la différence, de l’unique, qui distingue chaque culture. Nous voulons briser les barrières entre les Etats pour créer des systèmes politiques globaux. Mais nous voulons aussi garder nos langages spécifiques, nos cultures et notre sens de la Nation… La nature de l’identité est une issue fondamentale. Nous l’utilisons à la fois au sens exclusif et inclusif. L’identité est ce qui nous rend plus semblables et en même temps ce qui nous rend différent des autres."
Deyan Sudjic
"Les choses sérieuses, naguère, étaient le charbon et l’acier. Dans les affaires du monde, littératures ou musées semblaient compter peu. Les batailles décisives se livraient dans les usines de machines-outils ou dans les grandes plaines à blé… Mieux valait, pour la prospérité d’un peuple, ouvrir des ports de marchandises que des cabinets de lecture… Mises à part quelques têtes philosophiques et solitaires, nul ne songeait sérieusement à chercher dans les Å“uvres l’incarnation de l’essence d’un peuple ou la marque de son identité la plus authentique… Nous avons changé tout cela. Aujourd’hui, les cultures sont devenues grands sujets d’affrontement, outils d’information collective et quête d’identité."
Roger Pol-Droit, dans Le Monde du 7.03.1997