Site officiel du film " Le Dernier Repas " de Gyeong Tae Roh.
Sortie dans les salles: 19 mars 2008
Un poème méditatif pour les âmes en peine... L'histoire de deux familles de condition modeste.
Il n’y a pas grand-chose, dans le cinéma contemporain qui puisse se comparer avec Le Dernier repas, une fresque magnifique présentant des oubliés, des bannis, vivant à la périphérie de Séoul. Avec très peu de dialogues et pratiquement aucun mouvement de caméra, ce poème existentiel et premier film de Gyeong Tae Roh utilise l’immobilité et une bande-son lancinante pour susciter une méditation profonde, mais jamais dépourvue d’espérance, sur les tribulations de ceux qui n’appartiennent pas au courant général de la société. Le Dernier repas n’est pas de ces films qui plaisent à tous, mais pour ceux qui y rentreront il restera un souvenir durable.
L’intrigue se déroule autour du père et du fils d’une famille habitant le quartier pauvre de Séoul, et de la mère, de la grand-mère et de la fille de l’autre famille vivant dans la zone rurale proche de Séoul.
A leurs yeux, le monde civilisé, ultradéveloppé, est plutôt étrange. Finalement, ne parvenant pas à s’adapter à la société, ils abandonnent leur vie sur Terre et émigrent sur Mars. Mais avant de partir, ils accomplissent leurs désirs.
Le père, travailleur saisonnier, multirécidiviste et accro au jeu, tente de retrouver ses parents qui l’ont abandonné. Le fils, gigolo séduisant, se bat contre le sida. La grand-mère, marchande de légumes, veut divorcer de son défunt mari, et cherche l’homme de ses rêves. La mère, thanatopractrice, console l’âme de son fils mort à la guerre en faisant pratiquer un exorcisme sur sa tombe. Quant à la fille, adolescente au chômage, elle veut en finir avec un visage quelque peu disgracieux en faisant appel à la chirurgie esthétique.
Une suite de tableaux soigneusement composés évoquent, les uns après les autres, l’espoir dans un milieu âpre où coexistent plusieurs univers : celui où vivent les personnages principaux ; celui qu’ils observent ; celui dont ils rêvent ; celui où vivent les autres. Ces univers ne peuvent se rencontrer, à l’image de l’eau et de l’huile, mais ils occupent un espace dans cette société réelle. Ils respirent, existent et laissent une trace.
Les histoires des cinq personnages principaux du film évoluent indépendamment les unes des autres, jusqu’au moment où elles finissent par s’entrelacer. La fille vend son corps au père pour pouvoir financer son intervention chirurgicale, et la grand-mère sauve le fils, en qui elle voit l’homme idéal, des bas-fonds de la prostitution. Lorsqu’ils prennent tous leur dernier dîner à la fin du film, on se rend compte que le père et le fils font partie d’une même famille, et que la grand-mère, la mère et la fille en constituent une autre.
Dans les bidonvilles de la grande ville et ses alentours ruraux, ces exclus finissent par atteindre peu à peu à une sorte de bonheur. Une grande dignité se dégage du film qui ne se complait jamais dans le misérabilisme. L’espoir semble toujours présent malgré la dureté de l’ environnement. Et la vie déborde d'absurdité, illogique et ironique.
film présenté aux festivals de Toronto, Locarno, Sundance, Pusan, Rotterdam, Hong-Kong, Edimbourg...